Dimanche 24 novembre, après 2 semaines de négociations et une dernière ligne droite houleuse, s’est clôturée la COP 29 sur un bilan décevant.
“ J’avais espéré un résultat plus ambitieux, mais cet accord fournit une base sur laquelle s’appuyer ” a déclaré António Guterres, secrétaire général de l’ONU
A l’opposé, certaines ONG préféraient indiquer “ Pas d’accord vaut-il mieux qu’un mauvais accord ? ”
Quels sont donc les raisons du bilan décevant pour la COP 29 ?
L’Azerbaïdjan, pays organisateur de la COP 29
Marina Silva, ministre de l’Environnement du Brésil, pays organisateur de la COP 30, a clairement résumé cette quinzaine “ Le rendez-vous de Bakou a été une expérience douloureuse ».
L’Azerbaïdjan, pays producteur pétrole, soyons honnête, comme les 2 tiers des pays organisateurs de l’une des 29 COP, producteurs d’énergie fossile, a-t-il légitimité à accueillir cet évènement. Mais aussi avoir comme président de la COP, le ministre de l’Écologie et des Ressources naturelles, Moukhtar Babaïev, ancien cadre de la compagnie pétrolière nationale, Socar. Conflits d’intérêt… ???
Les arrestations de militants environnementaux, le harcèlement de parlementaires américains à Bakou, le départ de la table des négociations de dizaines de pays appartenant au groupe des Pays les moins avancés (PMA) et états insulaires se plaignant de n’être ni entendus, ni consultés, sont une partie des reproches adressés à l’Azerbaïdjan.
Le choix de ce pays n’est il pas une des raisons du bilan décevant de la COP 29 ?
Mais c’est quoi une COP ?
En 1992, plus de 178 pays se rencontrent à Rio de Janeiro pour la conférence décennale de l’ONU sur l’environnement et le développement.
Dans la déclaration de Rio de Janeiro, signée par les pays participants, est présente une convention sur le climat qui présente la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre afin de minimiser l’impact humain sur le changement climatique. A partir ce là, chaque année, les pays ayant signé la convention sur le climat du sommet de Rio se retrouveront pour trouver des solutions concrètes pour lutter contre le changement climatique : c’est la fameuse “conférence des parties”. Des acteurs non gouvernementaux y prendront aussi place (ONG, entreprises, villes, citoyens etc.) afin de représenter au mieux la société qui doit lutter contre le changement climatique. La 1ère a eu lieu à Berlin en 1995.
Le grand écart entre la ligne directrice lancée en 1992 et la réalité de l’accord du 24 novembre 2024 tend à prouver le bilan décevant de la COP 29.
Les principaux points de l’accord conclu à l’issue de la COP29
Le volet financier
Alors que le besoin est estimé à 2.400 milliards, alors que les pays les moins avancés et insulaires réclamaient 600 milliards, c’est donc 300 milliards qui ont été accordés d’ici 2035, une progression par rapport aux 100 milliards accordés précédemment… suffisante ?
C’est le montant annuel que devront fournir chaque année les 23 pays développés et l’Union européenne, désignés en 1992 comme responsables historiques du changement climatique.
Le texte prévoit que la contribution des pays riches provienne de leurs fonds publics, complétés par des investissements privés qu’ils mobilisent ou garantissent, ou par des « sources alternatives », ce qui signifie d’éventuelles taxes mondiales, sur les grandes fortunes, l’aviation ou le transport maritime, un serpent de mer toujours en cours de réflexion…
L’implication financière des pays en développement
Les pays contributeurs réclamaient d’élargir la liste des États à la Chine, Singapour ou des pays du Golfe, pays dits en développement qui se sont enrichis depuis l’établissement de la liste en 1992. Mais la Chine a clairement exprimé un refus catégorique : pas question de toucher à la liste des contributeurs, surtout ne pas l’y ajouter !
L’accord de Bakou « invite » les pays en développement à fournir des contributions financières, mais elles resteront bien « volontaires », est-il explicitement stipulé, comment croire que ces pays vont participer…
Concessions aux pays les plus vulnérables
Les 45 pays les moins avancés (PMA) et le groupe d’une quarantaine de petits États insulaires – qui se plaignaient de n’être ni entendus, ni consultés – ont finalement été convaincus de ne pas bloquer l’accord. Ils voulaient qu’une part de l’aide financière leur soit explicitement réservée, contre l’avis d’autres pays africains et sud-américains. Finalement, l’accord anticipe à 2030 l’objectif de tripler les financements, essentiellement publics, qui passent par des fonds multilatéraux où ils sont prioritaires.
Une feuille de route est aussi censée produire un rapport pour la COP30 à Belém, en novembre 2025 au Brésil, sur la manière de démultiplier la finance climatique. Elle fournira, entre autres, une nouvelle occasion pour eux d’obtenir plus d’argent sous forme de dons, alors qu’aujourd’hui 69 % de la finance climatique est constituée de prêts.
La sortie des énergies fossiles
Toute mention explicite à la « transition » vers la sortie des énergies fossiles, acquis principal de la COP28 de Dubaï, a disparu dans la finalisation des principaux textes, reflétant une « bataille de tous les diables » avec des pays producteurs, selon un négociateur européen. Le texte censé renforcer sa mise en œuvre n’a finalement pas été adopté à la clôture de la COP29, après une longue bataille qui l’avait déjà en grande partie vidé de sa substance.
L’une des priorités de l’UE, combattue par l’Arabie saoudite, était d’obtenir un suivi annuel des efforts pour sortir du pétrole, du gaz et du charbon. Bras de fer perdu par l’Union Européenne.
Conclusion
Bien que cette COP ait été qualifié de « COP de transition », elle pourrait bien, en réalité, se résumer à une « COP de contexte ». Ce contexte est marqué par plusieurs ombres pesantes : celle de Donald Trump et d’un désengagement international sur la cause écologique, l’endettement croissant des pays européens, et enfin, les intérêts géopolitiques des pays en développement, qui ont freiné l’adoption de mesures écologiques plus ambitieuses.
« Aucun pays n’a obtenu tout ce qu’il voulait, et nous quittons Bakou avec une montagne de travail à accomplir. Ce n’est donc pas l’heure de crier victoire », a déclaré le chef de l’ONU Climat, Simon Stiell.